Dès leur création, les automobiles ont suscité un grand intérêt chez l’homme, compte tenu de la volonté de créer et de s’améliorer, de l’envie d’être autonomes et de se déplacer rapidement. Dès le début du XXe siècle, il était possible de voir les premières automobiles circuler sur les routes, les mêmes qui, au fil du temps, ont acquis une grande valeur au niveau culturel et sont actuellement conservées dans les musées et collectionnées par les passionnés. C’est grâce à leur intérêt historique, à leur qualité de fabrication et leur rareté qu’on les assimile à de véritables œuvres d’art.

C’est de cette pensée qu’est né en 1933 le MAUTO – Musée National de l’Automobile de Turin – qui accueille l’une des collections les plus rares et intéressantes en son genre, avec plus de 200 voitures originales de 80 constructeurs du monde entier. La partie la plus ancienne de la collection est liée à l’histoire de son fondateur, Carlo Biscaretti di Ruffia qui, avec enthousiasme et détermination, rassembla des voitures, châssis et moteurs. Les automobiles exposées sont des emblèmes de créativité, d’excellence technique et de savoir-faire manufacturier mais les histoires liées à chaque pièce de la collection sont tout aussi importantes, chacune étant au cœur d’une conquête historique, sportive, sociale ou de mœurs.

Section Formule un du MAUTO – Musée National de l’Automobile de Turin.

Le cœur du musée est le Centre de Documentation, qui rassemble des documents, des témoignages et des photos représentant la singularité et l’authenticité de ces extraordinaires exemplaires. Le Centre entra en fonction au début des années soixante-dix, peu après l’ouverture du Musée, au siège de corso Unità d’Italia et accueille la Bibliothèque, l’Hémérothèque et les Archives, conservant l’une des plus importantes collections de livres et d’archives sur l’histoire de la locomotion à moteur au vingtième siècle en Europe.

La dernière section aménagée au sein du musée est le Centre de Restauration qui, depuis 2016, s’occupe de préserver, conserver et valoriser le précieux patrimoine historique et scientifique du musée. Parmi les principales interventions, citons les restaurations fonctionnelles effectuées sur la Fiat 130 HP de 1907, sur le tricycle à vapeur Pecori de 1891 et sur l’Itala 35/45 HP « Pékin-Paris » de 1907 ; et les restaurations esthétiques réalisées sur le tricycle De Dion-Bouton 1¼ HP de 1898 et sur la Mercedes Benz W196 R de 1954.

Le Centre de Restauration du MAUTO associe aux techniques traditionnelles de remise en état des automobiles d’époque les méthodes les plus avancées qui s’appliquent à la restauration des œuvres d’art. Le point fort de cette méthode est la phase initiale, dédiée à l’étude et l’analyse, qui s’effectuent en collaboration avec le Centre de Documentation du MAUTO.

Avant de réaliser toute intervention sur le véhicule, celui-ci est analysé sous tous ses aspects ; en partant de la documentation historique, l’on effectue des recherches sur les documents, articles, photos et dessins techniques originaux. Le véhicule fait ensuite l’objet d’analyses multispectrales et scientifiques qui permettent d’en examiner les matériaux, les techniques de travail et d’identifier les interventions de restauration précédentes utiles afin de définir son histoire.

Itala 35/45 HP « Palombella » de 1909 – Radiographie de la portière afin de vérifier la présence du blason royal

Ce n’est qu’après cette phase d’étude et d’analyse initiale qu’il est possible de programmer une intervention de restauration précise. Il est important de définir dès le début le type d’intervention que l’on entend effectuer, si seulement esthétique ou aussi fonctionnelle ; ce choix est défini en tenant compte de différents paramètres : l’originalité du véhicule, le nombre d’interventions auxquelles il a été soumis, à quand remonte sa dernière mise en marche et ainsi de suite.

En cas de restauration esthétique, l’on suit les principes fondamentaux utilisés dans les biens culturels : en intervenant de façon reconnaissable, en utilisant des matériaux réversibles et compatibles et en suivant le concept d’intervention minimale. L’objectif est de rétablir des conditions de conservation adéquates, préserver l’authenticité du véhicule et faciliter la lecture esthétique des matériaux les plus altérés, en veillant à ne pas effacer les traces du passage de la voiture dans le temps.

Mercedes Benz W196 R de 1954 – Recollage de la peinture écaillée et intégration des lacunes.

La restauration fonctionnelle sert en revanche à remettre le véhicule sur route, en lui restituant cette caractéristique principale d’objet en mouvement, qui l’a distingué pendant la période active de sa vie. Au cours d’une intervention fonctionnelle, la sauvegarde de l’objet est importante et la substitution de certains éléments de la mécanique s’avère parfois nécessaire ; un objet qui ne fonctionne pas correctement peut endommager les autres éléments, il est donc conseillé de le remplacer. Cette opération doit être documentée et doit avoir lieu, seulement si elle est nécessaire, dans le plein respect de l’originalité, du matériau et de la technique d’exécution. Dans ce type de restauration, l’on suit les mêmes principes fondamentaux de la restauration et il faut conserver tous les éléments originaux du véhicule afin de rendre l’intervention réversible. Il demeure essentiel de préserver l’authenticité du véhicule et son histoire pour une conservation correcte, aussi en vue de la transmission au futur.

Les Centres de Documentation et Restauration du MAUTO s’occupent non seulement des travaux ordinaires mais aussi d’activités didactiques et de formation afin de divulguer la méthode scientifique en vue de rendre plus accessibles les compétences professionnelles dans le cadre de la recherche, de la restauration et des analyses scientifiques.

Fiat 130 HP de 1907 – Restauration fonctionnelle et refonte du carter.